21/04/2016
France, Seine-Normandie

Horizon 2100 : Adapter le bassin au changement climatique

Jean-François
Carenco, préfet de la région d’Île-de-France, préfet coordonnateur de
bassin, président du conseil d’administration de l’Agence de l’eau
Seine-Normandie, et François Sauvadet, ancien ministre, président du
Conseil départemental de Côte-d’Or, président du Comité de bassin
Seine-Normandie, ont tenu le 31 mars 2016, un comité de bassin
particulièrement important consacré au changement climatique et à ses
conséquences.

En introduction, le climatologue Jean Jouzel, a précisé
que la température moyenne s’élèverait de façon inéluctable de 2 degrés
d’ici 2100, même si tous les efforts sont entrepris par ailleurs pour
limiter cette hausse. Ainsi, la  réalisation d’un plan d’adaptation au
changement climatique sur le bassin hydrographique de la Seine a été
lancée le 9 février dernier. La Seine est un fleuve particulièrement
sensible aux changements climatiques en raison de sa taille modeste et
des fortes pressions anthropiques qui s’y exercent. Sur le Bassin
Seine-Normandie, les impacts du changement climatique pourraient
entraîner : une diminution du débit de la Seine et des cours d’eau
d’environ 30 % d’ici 2100, avec des étiages plus sévères ; une
augmentation de la température des cours d’eau de 2 °C en moyenne avec
ses conséquences sur la qualité des eaux ; une élévation du niveau de la
mer jusqu’à un mètre ; une augmentation moyenne des températures qui
s’accompagnerait d’une diminution de 12 % des précipitations en 2100 ;
un phénomène d’évapotranspiration (avec une augmentation de 23 % d’ici
à  2100, le phénomène aurait des conséquences importantes sur les
milieux et la végétation) ; enfin, une tendance globale à la diminution
de la ressource en eau s’accompagnerait d’une baisse du niveau des
nappes. Le littoral va, en outre, voir son exposition aux submersions
marines accrues. Le but de ce plan est d’atténuer le plus possible
les effets de ce changement climatique et  surtout d’adapter nos actions
à l’échelle de la Seine et de son bassin. "Pour être efficace, ce
plan doit être territorialisé, thématisé et partagé par le plus grand
nombre : élus, scientifiques, population concernée… la démarche doit
être concertée et partagée et ne peut venir d’en haut !"
, a  affirmé le préfet de région Jean- François Carenco, qualifiant la situation de préoccupante.

Adopter une nouvelle politique de l’eau responsable, ambitieuse et cohérente
– Tous les acteurs de l’eau de tous les territoires du bassin ont
conscience du changement climatique. Afin de limiter ses impacts sur
l’eau et les milieux aquatiques, il est nécessaire de mettre en
cohérence toutes les stratégies d'adaptation à l'échelle des bassins
versants. Il est de la responsabilité du Comité de bassin et de tous les
acteurs territoriaux de développer ces stratégies d’adaptation, en
veillant à leur cohérence dans le respect des objectifs de la politique
de l'eau. Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux
(SDAGE), d’une durée de six ans,  est déjà un outil d’adaptation au
niveau du bassin. La majorité de ses dispositions va dans le sens d’une
meilleure adaptation (réduction des pollutions à la source, amélioration
de la continuité, limitation de l’imperméabilisation, sauvegarde des
zones humides, meilleur fonctionnement des milieux…). De manière
générale, plus l’état des milieux aquatiques sera bon, plus leur
capacité de résilience sera grande. Ainsi, il est important de lutter
contre les pollutions à la source, car si le débit et le niveau des
nappes phréatiques baissent, mécaniquement la concentration des
polluants augmente. L’objectif de ce plan d’adaptation est de se
projeter à l’échelle du siècle.

Le plan d’adaptation bassin, une démarche collaborative et évolutive
– Partagée et collaborative, la démarche d’élaboration d’un plan
d’adaptation bassin se veut ancrée sur les enjeux des territoires et des
acteurs et repose sur plusieurs principes structurants: un principe de
solidarité entre usagers de l'eau et entre territoires, la mise en œuvre
de mesures sans regret quelles que soient les incertitudes, et une
cohérence avec la politique d'atténuation des émissions de gaz à effet
de serre. Révisable tous les six ans dans un contexte évolutif, cette
démarche n’empêche pas d’anticiper des choix qui devront être assumés.
Cette démarche a vocation à inspirer  les documents de planification et
de programmation aux différentes échelles du bassin (documents
d’urbanisme, SDAGE, PGRI…) en apportant aux gestionnaires des
territoires des propositions d’actions concrètes ciblées dans le domaine
de l’eau qu’ils pourront mettre en œuvre à leur niveau. Il sera
également pris en compte dans le 11ème programme de l’agence de l’eau.

Par
des actions transversales, sur chacun des thèmes de nos activités
humaines, partagées par tous, il convient de s’adapter au changement
climatique. Ce travail est désormais lancé. Des groupes de travail se
réunissent, un comité scientifique est en place. Un point sur les
travaux sera fait régulièrement pour aboutir à un plan accepté d’ici
quelques mois.

Préfecture de Paris et d’Île-de-FranceAgence de l’eau Seine-Normandie